Je mets ici en lien les informations que j'utilise lors des stages sur le thème de la méditation.
Bonne lecture à tous et toutes !
« Nous devons
également nous souvenir que la méditation et essentiellement quelque chose qui
doit se pratiquer, que c’est quelque chose que l’on fait, ou dont on fait
l’expérience. »
Afin de comprendre - Cum Prendere - de prendre avec
soi la (ou les) méditation(s), de la faire sienne et d'arriver ainsi à façonner
"sa" méditation, il convient d'acquérir un savoir culturel juste et
éclairé de ce que l'on entend par méditation.
L'héritage des traditions d'Orient, d'Extrême
Orient et d'Occident (et d'ailleurs), véhicule un savoir et savoir-faire complexe
de ces matières que l'on peut qualifier de spirituelles. Cette compréhension,
souvent nommée ésotérique, se fait de l'intérieur du système de pensée auquel
elle se réfère, système qui évolue en fonction de courants philosophiques,
d'écoles de pensée, de maîtres, etc.
Ainsi la méditation n'appartient pas à la Chine ou
à l'Inde, pas plus qu'elle n'appartient à Bouddha ou Lao Tseu.
On retrouve des techniques de méditation dans la
spiritualité chrétienne, musulmane, juive, mais aussi dans les pratiques
chamaniques amérindiennes, dans des méthodes égyptiennes, dans le shintoïsme
japonais...
Toutefois, c'est majoritairement par le filtre des
définitions hindouistes, yogiques, bouddhistes et taoïstes et surtout par toute
l'énorme mouvance intellectuelle issue des courants New Age des années 70 que
l'on se représente la méditation, avec aussi (et malheureusement) toutes les
dérives rattachées à cette représentation.
Pour arriver à une définition du mot méditation, il
semble important de parcourir les termes et expressions principales issues des
traditions spiritualistes anciennes qui ont aidé à façonner ce mot.
Un commencement...
Les notions de Qi, de Yin, de Yang si chères à la
philosophie chinoise, prennent indéniablement racine en Inde.
L’hindouisme en particulier et l’Inde en général
n’a cessé de fournir à la philosophie chinoise la matière première à sa
réflexion esotérico-philosophique.
Ce que l’on désigne par le mot
« hindouisme » regroupe en
fait une multitude de croyances réparties sur toute l’Inde et sur toute son
histoire, dont les traces les plus anciennes remontent pratiquement à 2500 ans
avant J.C.
C’est en 1966 uniquement que le gouvernement indien
à défini le cadre de foi Hindoue.
Avant cette date, l’hindouisme ou plus exactement
le Sanâtana Dharma pouvait plus être perçue comme un mode de vie ou de pensée.
On pourrait distinguer 4 concepts fondamentaux à
l’hindouisme :
1.) Karma :
la loi de cause à effet qui unissent les êtres et les choses
2.) Mâya :
processus mystérieux qui soutient et engendre le cosmos. C’est la mère des
illusions, permettant la renaissance, le retour aux existences, mère qui est
valorisée par l’homme aussi longtemps qu’il demeure dépendant de l’attachement
et du désir.
3.) Nirvâna :
il s’agit de la réalité absolu, pendant de Mâya, se situant au-delà des
illusions tissées par le Karma.
4.) Yoga :
les moyens favorisant la révélation de l’être, les techniques permettant la
libération.
Autour de ces 4 concepts fondamentaux, s’articulent 4 objets de
vie, qui sont :
1. Artha ou le profit : L'homme
doit participer à la société en se créant un patrimoine et des relations qui
seront le fruit de son travail. Il doit faire attention de ne pas se faire
abuser par le charme d'une vie d'aisance, mais doit en retirer un enseignement.
La période de Grihastha est propice au développement de ce but.
2. Kâma ou le plaisir :
Contrairement à la tradition chrétienne issue de l'Inquisition, le plaisir
n'est pas perçu comme un mal: c'est un don de Dieu. Dans la mythologie, le dieu
Amour, kâma est la source de la création. Les Kâma-Sûtra exposent les
moyens d'exalter les sens et d'épanouir la vie de couple. Grâce aux plaisirs,
le champ de connaissance s'élargit: l'acte d'amour en étant le paroxysme où
l'homme et la femme ne se distinguent plus que dans le couple et recréent
l'unité divine. Le plaisir doit être dirigé dans le but de la connaissance et
ne doit pas devenir un mode de vie qui conduirait à accomplir des actes
immoraux ou adharmique.
3. Dharma ou le devoir : Le Dharma doit diriger
toutes les quatre périodes de la vie hindoue. Le devoir permet à l'homme de
poursuivre sa vie sur le droit chemin, en se conformant au droit et à la morale
qui sont transcrits dans les Dharma-Sûtra ou le Manu-Samhitâ dit Lois
de Manu.
4. Moksha ou la délivrance : Durant les deux dernières
périodes de la vie de l'hindou, celui-ci recherche le Moksha. Mais il
s'agit surtout du but ultime de la vie de l'Hindou qui peut y parvenir selon
différents moyens, comme le Batki-Yoga (voir philosophie indienne).
L’expression
de l’univers s’établit à travers trois concepts distincts : Brahmâ,
Vishnou et Krishna.
On parle de Trimoûrti, ou Trois Formes en Sanskrit, qui relèvent d’une
seule et même chose et que certains rapprochent de le Sainte Trinité
chrétienne :
1.) Brahmâ, c’est le Dieu créateur.
Sarasvâti est son épouse, sa Shakti.
2.) Vishnou est le protecteur, le
Gentil, le dieu bon. Il est le Conservateur.
3.) Shiva est le destructeur. En
fait, Shiva représente moins le mal que la transcendance, le gouffre qui sépare
l'humain du divin devant lequel l'homme est saisi de terreur sacrée. Shiva est
le destructeur et le créateur, mais cet antagonisme n'est qu'apparent ;
ils sont en effet perçus comme réciproquement dépendants, une complémentarité
paradoxale en quelque sorte. Lorsque Shiva est présenté en Natarâja, le
Seigneur de la danse, il marque de son talon le rythme ternaire du tandara,
symbolisant la création, la permanence et la destruction (chacune des pointes
du trident).
Il est le commencement et la fin, le yogi ascète et
le luxurieux tantrique, la bonté et la fureur, l'alpha et l'oméga. Shiva n'est
pas connu des Veda, il pourrait être une forme de Rudra (littéralement
« le Rouge » aussi appelé « le Hurleur », un dieu terrifiant)
qui évolua ultérieurement.
Shiva est le feu intérieur qui dévore les ascètes,
le temps qui détruit et recrée le monde. Il est habituellement
représenté par un phallus stylisé, appelé shiva lingam (liṅgaṃ),
symbole de création parfois associé à la yoni, l'organe féminin, la
matrice du monde.
Shiva est encore paśupati. Sous cet aspect, il
protège le bétail (paśu), gage de richesse, mais plus symboliquement, il
protège et libère les âmes asservies dans et par le samsāra. Les textes jouent de trois mots : pati, le Seigneur
ou le Maître ; paśu, le troupeau (des dévots), l'âme individuelle ;
pāśa, le lien (de la transmigration).
Brhâma, Shiva
et Vishnou interagissent dans deux états du Cosmos, qui sont les deux principes
fondamentaux et complémentaires de l’univers, à savoir :
1.) Le Prâna,
qui est l’énergie vitale cosmique, l’origine du dynamisme de tout le cosmos, le
principe énergétique oscillant entre les deux pôles d’obscurité et de lumière,
de positivité et de négativité ou du matriciel et du conceptuel, ou encore du
Nouménal et de l’Abyssal, soit en fait, du Yin et du yang.
2.) L’Akaça
qui est l’éther spatio-temporel, l’origine dimensionnelle de tous les êtres et
les choses, le principe constitutif de l’univers oscillant entre les deux pôles
précédemment cités.
Conception de l’univers, conception de l’être
humain, de sa vie en société, des rapports qu’il établit avec le vivant et le
divin, relation de l’homme à son présent, son passé et son devenir, l’hindouisme
a posé toutes les bases qui vont ensuite être agréablement reprises,
augmentées, développées, argumentées par les philosophies chinoises.
L’énergétique chinoise s’est donc développée par le
biais de ces aspects spirituels, pratiques, empiriques et philosophiques de
l’Inde.
Les cinq voies majeures
« Le yoga n'exige pas que tous les individus
suivent un même et unique chemin. Il existe de nombreuses voies et styles de
yoga liés aux différentes aspirations individuelles et aux divers aspects de
notre nature. Cinq voies majeures, qui forment le Raja Yoga, peuvent résumer
ces directions. Il est également possible de les suivre assemblées ou
séparément :
- Jnana
Yoga : Yoga de la Connaissance transcendante ;
- Bhakti
yoga : Yoga de la Dévotion et de l'adoration ;
- Karma
yoga : Yoga du Service et de l'action désintéressée ;
- Kriya
yoga : Yoga de la Technique, toutes les techniques de yoga :
Hatha Yoga, Kundalini yoga, tantra yoga, yoga nidra et autres ;
- Raja
yoga : Yoga Intégral, associant les quatre voies précédentes[].»
Au sein d'une même Voie il peut exister des
courants différents. Un yogi reconnu comme maîtrisant parfaitement un mode
d'enseignement, peut décider de fonder une école de yoga. Cette diversité n'est
pas un signe de faiblesse ou de dissension, mais plutôt une réponse à l'extrême
diversité des attentes de chacun.
Quelques pratiques du Yoga : Le Hatha Yoga, le
Mantra Yoga, le Tantra Yoga, le Siddha Yoga, le Kundalini Yoga, le Nidra Yoga.
A partir de
là, la Chine a développée deux philosophies qui lui sont propres : le
taoïsme et le confucianisme. Elle s’est encore appuyée sur l’Inde pour
s’accaparer une dernière philosophie : le bouddhisme.
L’enseignement du Bouddha
Lorsqu’on parle du Bouddha, on parle du Bouddha
historique Cakya-Mûni, dont le nom laïc est Siddharta Gautama, né à
Kapilavastu vers 624 av. J.C. ou vers 556 av. J.C.
Prince héritier du roi Sddhodhana et de la reine Maya.
Ayant pris conscience que la vie est vouée aux
Quatre Douleurs (la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort), pour
l’amour de tous les êtres il quitta à l’âge de 29 ans le palais royal et sa
famille pour aller en quête d’un moyen pour échapper aux Quatre Douleurs et
quitter le cycle du Samsâra, le Ronde des renaissances, source de tous les
malheurs.
Il parvint à l’état de parfaite illumination
(Bouddha) à l’âge de 35es ans et dispensa son enseignement (ou Dharma) pendant
49 ans.
Sa doctrine s’articule autour de ce
que l’on nomme les Huit Voies de la Rectitude : 1.) la vue juste, 2.) la
pensée juste, 3.) la parole juste, 4.) l’action juste, 5.) la vie juste, 6.) la
mémoire juste, 7.) l’effort juste, 8.) la méditation juste.
Son enseignement s’appuie sur la compréhension des
Quatre Nobles Vérités, qui sont :
1.)
Dukkha : la souffrance. La
souffrance s’exprime par le jeu subtil des Agrégats qui détermine l’Être, à
savoir : la Matière, les sensations, les perceptions, les formations
mentales (les actes « volitionnels ») ou Karma 5.) la conscience ou
acte d’attention à un objet. (il n’y a donc pas de notion d’âme ou de soi ou
d’ego dans le bouddhisme !)
2.)
Samudaya : l’apparition ou
l’origine de la souffrance, liée donc à la soif au désir
3.)
Nirodha : la cessation de
Dukka ou Nirvâna
4.)
Magga : le sentier (qui
conduit à la cessation de Dukka). C’est dans Magga que s’épanouissent les Huit
Voies de la rectitude.
La méditation
ou culture mentale : Bhavana.
La Bhavana est une culture mentale dans le vrai
sens du terme.
Elle vise à débarrasser l’esprit de ses impuretés,
de ce qui le trouble.
Dans l'Inde antique, on
distingue deux formes principales de méditation : le Samâdhi et le
Vipassana.
L’une consiste à pénétrer
des états de concentration afin d’atteindre des états mystiques,
"surnaturels".
L’autre s’appuie sur une
compréhension, une vision de la nature des choses et de la vérité qui les
sous-tend. Il s’agit en fait d’une attention, d’une prise de conscience portée
sur la vie et le vivant et qui a trait à notre corps, nos sensations, notre
esprit et notre intellect enfin.
Si l'on se réfère à l'hindouisme et aux
enseignements liés aux diverses écoles de Yoga, on peut retenir que l'ascèse
spirituelle, de façon générale, se compose de deux groupes d'exercices.
Ces deux groupes d'exercices, et ce qu'ils
renferment, sont quasiment commun à toutes les méthodes de médiation. Les
définitions, les désignations, les mots changent, mais globalement, le travail
reste le même...
Le premier groupe, que l'on appelle Les Quatre Membres Inférieurs, concerne le corps, son
entrainement, en vue de développer et de potentialiser le second groupe, nommé Quatre Membres Suéprieurs, qui concerne
lui le travail mental.
Les
Quatre Membres Inférieurs
1.) Yama (les refrènements) et 2.) Niyama (les
disciplines)
Cités comme étant la
base essentielle de toute recherche méditative, les réfrènements et les disciplines
décrivent les comportements, les attitudes, les choix de vie, permettant de favoriser
le control du corps et de l’esprit.
Il
s‘agit là de s’avoir se réfréner et se discipliner afin de cultiver une
existence propice à la méditation, c'est-à-dire une existence basée sur la
gestion des émotions, des désirs, des peurs, des doutes, etc.
La vie étant agitation,
la méditation étant calme et stabilité, si l’un et l’autre ne s’accordent pas alors
obligatoirement l’agitation de la vie prendra toujours le dessus.
La méditation étant donc
une recherche d’état de conscience subtil et élevé, basé sur la connaissance de
soi, le silence, le calme, il convient d’adopter une vie saine, de cultiver la
vertu de rectitude, « pureté (Xing) et clarté (Ming) » comme disent les
anciens maîtres chinois.
Yama et Niyama
regroupent tout ce qui concerne la vie quotidienne et une recherche
d’apaisement, d’équilibre et d’harmonie pour que cœur et esprit reste serein et
lucide : l’alimentation, le repos, la respiration, le rapport aux autres
et à soi-même, l’entretien physique, etc.
Il s’agit de l’effort à
fournir afin de se diriger vers, d’aller vers le repos, vers la relaxation.
Les textes védiques
citent des règles de conduites, telles que :
·
Kashma (la tolérance)
·
Data (la compassion, la bonté)
·
Arjava (la simplicité)
·
Hri (l’humilité)
·
Ahimsa (la non violence)
·
Sathya (la pureté, la vérité)
·
Astheya (la non convoitise)
·
Aparigraha (la non convoitise)
·
Bramacharya (l’attitude du Brahma, du Saint, de
celui qui vit dans le renoncement aux désirs)
·
Saucha (le maintien de la pureté du corps)
·
Mitahara (la nutrition pure)
·
Santosha (le maintien de l’attitude positive),
·
Ishvarapranidhana
(le développement de la conscience qui fait que en tout être on respecte la
vie)
Asanas
(postures) et Pranayama (discipline du souffle), concernent la gestion de
l’énergie physique et spirituelle.
3.)
L'âsana : la posture
L’esprit
reflétant le corps, on immobilise d’abord le corps pour calmer l’esprit.
La posture doit faire oublier le corps, lui donner une assise stable et
réduire l'effort physique au minimum. Le but est de réaliser la neutralité des
sens. La conscience ne doit plus être troublée par la présence du corps.
Pour réduire l’agitation de l’esprit,
on va immobiliser le corps, calmer la respiration et fixer le regard.
Le premier ennemi de la méditation étant le sommeil, on va
installer le corps dans une posture de vigilance et non dans une posture de
relachement.
L'âsana marque une étape importante de l’approche méditative. Dans la vie
ordinaire, nous sommes mobiles, agités, arythmiques.
On va donc commencer par prendre en main son corps.
Le travail de la posture a le mérite de
rassembler et de joindre le corps pour que l’esprit s’unifie.
Cela se réalise en trois temps : la
posture unifie le corps, l’attention correctrice de la posture unit l’esprit au
corps et l’esprit s’unifie en s’unissant à lui-même.
Le refus de bouger est l'exact équivalent du refus de se laisser porter
par le fleuve impétueux de la conscience, et le refus de respirer de manière arythmique.
De l’immobilité
d’une posture correcte naissent la stabilité, l’équilibre, le centrage, la
relaxation et la légèreté pour que l’esprit soit stable, équilibré, centré,
relaxé et léger. Le dos doit être maintenu bien droit et il faut s’étirer vers
le haut comme un arbre qui veut atteindre la lumière, pour éviter qu’au fil des
minutes le corps ne se courbe et se tasse. La posture doit être légère et
étirée, et non celle « d’un sac de sable que l’on a jeté par terre ».
Après avoir
calmé le corps, il convient d’approfondir la respiration.
4.) Prânâyâma : contrôle du
souffle
Une respiration courte, rapide,
superficielle va avec une pensée agitée. On va donc apprendre à ressentir
l’inspiration et l’expiration afin de se diriger vers une respiration consciente,
profonde, ample, cyclique, fluide.
Cette respiration pourra être
abdominale, thoracique, abdomino-thoracique ou céphalo-abdomino-thoracique.
Les
Quatre Membres Supérieurs
Pratyahara que l’on traduit par
‘‘le retrait des sens’’ est l’intériorisation.
Ne plus être absorbé par le monde, bu
par lui, ne plus se laisser distraire par les sensations, pour rentrer en soi
et se regarder penser.
Il s’agit de retenir les Indryas, les
tentacules de l’esprit qui s’accrochent au matériel, afin de percevoir les
couches plus subtiles de l’univers.
Pour certains il suffit d’être à côté
d’un guide qui a atteint la vacuité.
Pour les autres, il reste à arriver à
fixer leur attention sur le même objet de pensée, à l’aide d’une des centaines
de techniques de dhârana, la
concentration.
Lorsque par la suite cela se fait sans
effort par un courant ininterrompu de conscience vers l’objet, on atteint dhyâna que l’on traduit par
‘‘méditation’’ et qu’il vaudrait mieux nommer ‘‘le recueillement’’.
Puis lorsque l’objet de concentration
envahit tellement l’esprit que l’on cesse pour la première fois de penser à
soi, on entre dans le Samâdhi que
l’on a nommé extase, ou plus exactement enstase ou ravissement.
Son secret a été donné par les six
règles de Tilopa : ‘‘ Ne pense
pas, ne réfléchit
pas, ne médite
pas, n’analyse pas,
n’imagine pas, garde ton
esprit dans son état naturel ’’.
C’est aussi exact que difficile !
Car qu’est ce que « l’état naturel de l’esprit » pour nous qui nous
sommes construits sur l’agitation et l’apparence ?
Pratyâhâra : la rétraction
des sens.
C'est se déconnecter, se déprendre du monde extérieur.
Il s'agit de se déconnecter non seulement par rapport aux stimuli
extérieurs, mais aussi fasse aux désirs, aux envies, qui nous assaillent
perpétuellement.
Pratyâhâra et Dhârana
sont donc souvent liés.
Dhârana, c’est la concentration.
La concentration a deux aspects qui
comprennent à la fois la focalisation plus étroite de notre attention, et une
unification de l’énergie.
Il y a dans la notion de Dhârana une
idée de rassemblement, d’unification, voir d’unité.
On peut donc dire que la concentration
est en fait une intégration complète du corps et de l’esprit. Cette intégration
se fait par le biais d’une gestion du corps et des pensées, et par le biais
concomitant d’une pacification du corps et de l’esprit.
L’attention et le rassemblement est
considéré comme un travail sur la conscience ordinaire.
Il y a tout d’abord l’attention sur le corps et sur ses mouvements : savoir exactement où est le corps et ce qu’il fait. Nous ne
faisons aucun mouvement inattentif, aucun mouvement dont nous ne soyons
conscients. Nous sommes vigilants aussi quand nous parlons, sachant ce que nous
disons et pourquoi nous le disons. Nous sommes pleinement en éveil, posés, conscients.
Deuxièmement, il y a l’attention sur les sentiments et les
émotions. Nous avons clairement conscience de nos
humeurs passagères et changeantes, que nous soyons tristes ou heureux, contents
ou mécontents, anxieux, effrayés, joyeux ou excités. Nous observons, nous
voyons tout, nous savons exactement où nous en sommes. Bien sûr, cela ne veut
pas dire prendre du recul vis à vis de nos sentiments et de nos émotions, un
peu comme un spectateur, les regardant de façon très extérieure, aliénée. Cela
veut dire faire l’expérience de nos sentiments et émotions,être « avec » eux,
non « coupés » d’eux, tout en restant conscient d’eux en les observant.
Il y a enfin l’attention sur la pensée : savoir exactement ce que nous pensons, savoir exactement où est
notre pensée, d’un moment à l’autre. Nous savons que l’esprit vagabonde facilement.
En général, nous sommes déconcentrés et désassemblés en ce qui concerne nos
pensées. C’est pour cela que nous devons pratiquer la prise de conscience de
nos pensées, prenant conscience de ce que nous pensons d’un moment à un autre.
La pacification des émotions et des
énergies est un travail d’éducation de la conscience.
Ce travail de pacification est rattaché
à la gestion d’obstacles, qui vont directement ou indirectement s’opposer au
recueillement, au ravissement que propose l’exercice de la méditation.
Le bouddhisme distingue cinq obstacles
fondamentaux à la libération de l’esprit :
·
Il y a tout d’abord l’obstacle du désir pour les
expériences sensorielles à travers les cinq sens.
·
Deuxièmement, il y a l’obstacle de la haine, c’est-à-dire le
sentiment de malveillance et de ressentiment qui est éprouvé lorsque le désir
pour les expériences sensorielles est frustré – un sentiment qui se dirige
parfois vers l’objet même du désir.
·
Troisièmement il y a l’obstacle de la paresse et de la torpeur,
qui nous garde sur le plan des désirs sensoriels, au niveau ordinaire de la
conscience de tous les jours. C’est une sorte de stagnation animale tant
mentale que physique.
·
Quatrièmement, il y a l’obstacle qui est à l’opposé de la paresse
et de la torpeur : celui de l’agitation et anxiété. C’est l’incapacité de
faire quoi que ce soit pendant un certain temps. C’est un état d’affairement et
de tourment continuel qui ne permet jamais de terminer quoi que ce soit.
Cinquièmement, et en dernier, il y a l’obstacle du doute – pas une espèce de
doute intellectuel honnête, mais plutôt de l’indécision, ou même le fait de ne
pas vouloir se décider et s’engager.
Il y a cinq
comparaisons traditionnelles qui correspondent à ces cinq obstacles.
1.)L’esprit
qui est contaminé par le désir pour les expériences sensorielles est comparé à
de l’eau dans laquelle on aurait mélangé plusieurs couleurs brillantes. Ce peut être joli mais la pureté et la transparence de l’eau ont
été perdues.
On dit que 2.) l’esprit
qui est contaminé par la haine est comme de l’eau en ébullition, qui
siffle, fait des bulles et bouillonne.
3.) L’esprit
contaminé par la paresse et la torpeur est comme de l’eau étouffée par une
épaisseur de mauvaises herbes à travers
laquelle rien ne pénètre.
4.) L’esprit
contaminé par l’agitation et l’anxiété est comme de l’eau que le vent fouette
en vagues, ou même par une tempête violente.
Et enfin, 5.)
l’esprit
qui est contaminé par le doute, par l’incertitude, est comme de l’eau boueuse.
Lorsque les
Cinq Obstacles sont supprimés, l’esprit conscient devient de l’eau pure. Il
devient frais, calme et clair. Il est maintenant prêt à aborder un état de
conscience « supérieure ».
Dhyâna : la
méditation, l’absorption, le recueillement, l’expérience du Vide…
« Il est essentiel de discerner ici la méditation en tant que mise en pratique d’une technique et
Dhyâna l’état de méditation résultant de la pratique méditative. L’un étant le
moyen, l’autre la finalité »
Quand la concentration (Dhârana) dure
un certain temps, on arrive au Dhyâna.
Dhyâna est souvent réduit au terme
méditation, mais le sens le plus juste serait « recueillement », ou
encore « absorption ».
Cette absorption dans la conscience
unifiée et pacifiée donne naissance tout d’abord au calme des pensées.
Ensuite se manifeste un apaisement du
cœur. « Calme et pacifié ».
Cette expérience apporte le sentiment
profond d’unité, d’amour, de félicité, de providence.
Apparait alors la conscience du vide.
« Vide à l’intérieur, comme une
jarre vide au cœur de l’océan. Vide à l’extérieur comme une jarre au cœur de
l’univers ».
Lorsque s’établit enfin le silence du
mental et que l’on plonge dans le Vide pour une seconde, on sursaute et sort de
la méditation, effrayé.
La machine à fabriquer les idées s'est
enrayée et ne fonctionne plus, c'est le Silence du Mental. Puis on y revient et
l’on s’y habitue.
Ce que nous appelions vide était en
fait l’infini. Quand on le découvre, l’esprit cherche tout de suite une limite,
un bord, un bout, car dans son expérience antérieure tout a une fin.
Alors il plonge le plus profondément
possible, sans fin. Puis à l’opposé il cherche à s’élever le plus haut
possible, sans limite.
Affolé, il part droit devant soi,
illimité.
Et ce n’est qu’après avoir exploré la
profondeur, la hauteur, la longueur et la largeur de cet espace de la
conscience, qu’il le nomme le Vide.
"Vide à l'intérieur, vide à l'extérieur, comme une jarre vide au milieu
de l'espace.
Plein à l'intérieur, plein à l'extérieur, comme une jarre immergée
dans l'océan".
Le samâdhi: l’enstase
Samâdhi est l’étape méditative la plus
complexe à décrire, car, par essence même, elle n’est pas descriptible.
Samadhi est l'état d'unité au delà du nom et de la forme.
Une expérience en un espace que les mots tels qu’harmonie, lumière,
infini, ne peuvent que décrire partiellement. Comment expliquer ce qui n’a pas
de forme dans notre monde qui se définit par la forme ?
Comment parler d’absolu à partir de mots qui ne sont que l’expression de la relativité. Comment
exprimer l’infini à partir d’un espace où tout à un début et une fin.
Comment évoquer l’Un, alors que toute notre structure mentale prend ses
racines dans la dualité ?
Il s’agit donc d’un état au-delà du mental. Un état qui ne peut que se
vivre et non se dire. Souvent comparé à une porte qui s’entrouvre sur un espace
vierge et inconnu, le Samâdhi se défini dans les mots non par ce qu’il est,
mais par ce qui en résulte : une libération des contraintes mentales, en un
sentiment permanent d’unité avec le Tout.
On lui associe le terme d’enstase.
Il désigne «
l’expérience de mystique naturelle », qui s’oppose à celui d’extase, expérience
de mystique surnaturelle.
Jean Varenne
, indianiste français, professeur à l’Université d’Aix, a commenté la
pertinence de ce mot de la façon suivante : « Ce néologisme a l’avantage de faire violemment contraste avec la
traduction tout à fait erronée de Samâdhi par « extase » qui a parfois été
proposée. Le yogi en état de Samâdhi ne « sort » pas de lui-même, il n’est pas
« ravi » comme le sont les mystiques ; tout au contraire il rentre complètement
en lui-même, il s’immobilise totalement par extinction progressive de tout ce
qui cause le mouvement : instincts, activité corporelle et mentale,
intelligence même. »
Dans ce Vide
expérimenté lors du Dhyâna se manifeste l’expérience nouvelle d’une présence,
d’un Soi absolu, unifié, établit dans une joie permanente, que l’on pourrait
décrire comme une béatitude.
« Nous pouvons maintenant commencer à voir en quoi consiste
essentiellement la méditation.
Nous pouvons dire qu’elle consiste en une progression
continue d’états d’être et de conscience du plus « bas » vers le
plus « élevé » : du monde de l’expérience sensorielle à celui de la
forme mentale et spirituelle, du monde mental et spirituel au monde sans
forme vers le Nirvana, ou l’Éveil, ou bien de la conscience sensorielle à la
conscience de soi, de la conscience de soi à la conscience transcendante, et
de la conscience transcendante à la conscience absolue »
|
Les grandes étapes de la méditation
1.) Franchir les obstacles
L’obstacle du « trou
noir » : qu’est ce que je fais là ? Qu’est ce que je peux bien
faire ? Qu’est ce que je vais faire ?
L’obstacle du bavardage mental.
L’obstacle des couches
psychologiques : les émotions, les fantasmes, les peurs, les doutes, les
colères, etc.
L’obstacle du corps : ça fait mal,
ça veut bouger, remuer…
L’obstacle du monde : ça vit
dehors, ça bouge dehors, ça fait du bruit, ça déconcentre…
L’obstacle du temps : bon, ça fait
assez longtemps ! Allez, je vais me coucher sinon je serai fatigué…
2.) Parvenir au silence mental.
C’est l’ouverture vers « le son
cosmique » - Nada -, la
« lumière intérieure » - nimitta
- et la « vibration spirituelle » - Spanda –
3.) L’obtention du Samâdhi
Les
erreurs sur le chemin de la méditation
1.) Confondre méditation et torpeur
2.) L’apitoiement : confondre
méditation et solitude, et enrobé le tout de tristesse.
3.) Confondre méditation et
psychothérapie
4.) S’isoler et cultiver l’égo, le
sentiment de supériorité, d’être unique, différent, meilleur…
5.) Confondre méditation et expérience
mystique, confondre la forme et le sans-forme, l’être et le non-être, rester
dans le « phénoménal »…
6.) Désirer obtenir quelque
chose : un résultat, l’illumination, le Nirvâna, etc.
7.) Croire d’être parvenu au but.
8.) Croire que la méditation est la
seule voie d’évolution spirituelle.
Les
autres modes de développement de la conscience
1.) les voyages, les nouvelles
rencontres, les changements d’environnement…
2.) le travail « éthique ».
3.) Une vie empreinte de régularité et
d’harmonie : principes moraux, respect des heures de repos, alimentation
saine, etc.
4.) Les Yogas, les Qi Gong, les Tai Chi
Chuan…
5.) Les arts : musique, ikebana,
peinture, etc.
6.) aider les autres, réaliser de
bonnes œuvres, etc.
7.) La prière, la religion…
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