mercredi 30 octobre 2013

samedi 26 octobre 2013

Interne ? Externe ? Quel rapport avec le Qi Gong ?

L'entrainement aux techniques d'entretien de la vitalité est majoritairement connu en Occident sous le nom de Qi Gong.
Il convient néanmoins d'apporter quelques précisions.

Nei Jia et Wai Jia

On distingue en Chine deux modes opératoires permettant d'entretenir la vitalité.
Nei Jia signifie Travail Intérieur et désigne l'ensemble des pratiques qui n'utilisent d'autres outils que le corps humain, sa respiration et son système énergétique.
Wai Jia signifie Travail Extérieur et fait référence aux pratiques qui sollicitent l'utilisation de plantes, de remèdes, d’absorptions de mélanges de produits divers dit alchimiques.
En France et en occident de façon plus générale, les méthodes d'entretien de la vitalité que nous connaissons sont communément appelées Qi Gong et font référence aux pratiques issues du premier courant de travail, le Nei Jia. 

Qi Gong



Le terme chinois Qi Gong est un terme générique récent (ou peu ancien) qui signifie :
Qi : air, air en mouvement, énergie, souffle, vie, vitalité.
Gong : travail, entretien.
On traduit souvent Qi Gong par travail de l'énergie interne. Nous préférons Entretien de la Vitalité.
En Chine, les textes anciens parlent plutôt de Daoyin Fa Qi Gong : Entretien (Gong) de la vitalité (Qi)  par les techniques (Fa) de nutrition intérieure (Daoyin).
Cette appellation a été le plus souvent assimilée aux pratiques d'obédience taoïste.

Daoyin Fa Qi Gong

Intimement lié aux philosophies chinoises (taoisme, bouddhisme et confucianisme) et à la Médecine Traditionnelle, le Daoyin Fa Qi Gong a donc des implications évidentes non seulement avec la vitalité physique mais aussi avec une certaine recherche d'harmonie entre le corps et l'esprit.

Daoyin veut dire "nourrir l'intérieur" ou "nourrir l'Interne".
Fa signifie technique.
Qi : vitalité.
Gong : Travail.

Daoyin Fa Qi Gong pourrait donc se traduire comme technique d'entretien de la vitalité par la nutrition de l'Interne.

Les deux outils essentiels du pratiquant en Daoyin Fa Qi Gong sont 1.) sa respiration et 2.) son corps.

Par un jeu subtil de mouvements et de respirations l'idée des pratiques du Daoyin Fa Qi Gong visent donc à calmer le coeur et pacifier l'esprit, à éveiller les sens et concentrer l'énergie, à mobiliser cette énergie et à stabiliser la posture afin dans un premier temps de préserver l'énergie vitale de l'être, de l’accroître ensuite, de la conduire efficacement afin d'en constater une manifestation, un contrôle, une action.

Ce contrôle de l'énergie peut donc se manifester et s'utiliser de différentes manières : l'entretien de la santé, le traitement d'affections courantes, l'expression artistique, les relations personnelles, professionnelles, la recherche de spiritualité, etc.

Dans les arts martiaux, la pratique du Daoyin Fa Qi Gong est préconisé principalement pour :
1.) L'entretien de la vitalité
2.) L'apaisement des tensions et la dispersion des stases dues à l'entrainement
3.) Le renforcement physique et énergétique
4.) La recherche d'un esprit apaisé et serein

Les écoles et les techniques de Qi Gong

Elles sont très nombreuses. Il existe principalement des écoles d'obédience taoïste et bouddhiste.
On distingue en Chine trois grandes écoles taoïstes.
  • L'école du Ling Bao Ming (clarté du joyau sacré).
  • L'école Jing Dang (pilule d'or)
  • L'école Mao Chan (Montagne admirable).


Il y a ensuite les courants dits de synthèse, qui ne font pas référence à des écoles mais à des systèmes comme Les Huit Brocarts ou le Jeu des Cinq Animaux ou encore L'envol de la Grue Blanche. 
Ce sont des ensembles d'exercices qui présentent une approche globale.
Il y a ensuite toutes les formes de Qi Gong que l'on retrouve dans les arts martiaux et toutes les formes de Qi Gong qui ont été développées en Asie par et pour les pratiques thérapeutiques.

La pratique du Qi Gong au sein de l’association Haptometis
  
·                     Daoyin Fa Qi Gong de l'école taoïste du Ling Bao Ming
Comme nous l'avons précisé il existe en Chine trois grandes écoles taoïstes : l'école Mao Chan (Montagne Admirable), l'école Jing Dang (Pilule d'Or) et l'école du Ling Bao Ming (Ecole de la Petite Réalisation du Joyau Ecarlate).
Les techniques que nous enseignons viennent de l'école du Ling Bao Ming.
Par affiliation directe, ces techniques sont transmises par Maître Georges Charles, représentant de l'école d'arts martiaux San Yi Quan.
La méthode de travail s'appuie sur l'entretien d'un mouvement de flux et de reflux, ainsi que par la liaison des principes antagonistes (monter/descendre, haut/bas, droite/gauche, inspir/expir, etc.)
Séquencé en deux grands groupes distincts (Yi Yin Fa - techniques de préparation ou de "prénutrition" et Daoyin Fa - techniques de nutrition de l'Interne) la méthode est une méthode globale qui présente une profonde cohésion et une liaison systémique entre chaque exercices.
  
·                     Qi Gong du système Bouddhiste du Temple de la Petite Forêt (Shaolin)
Issues de l'école Hung Gar, ces techniques sont connues sous le nom de "Yijingking Xisuijing" ou "Nettoyage des muscles et des tendons et purification de la moelle et des sinus". L'enseignement du Yijingking Yisuijing remonte à Bodhidharma, son fondateur.
On pourra aborder aussi le travail des Sceaux Impériaux, le jeu des Cinq Animaux, le jeu des Cinq Dragons, etc.
  
·                     Qi Gong "de synthèse"
Méthode des Huit Pièces de Brocard (civile et militaire)
Méthode du Jeu des Cinq Animaux
Méthode de la Grande Nutrition de l'Interne
  
·                     Qi Gong d'origine vietnamien - Khi Công
Ayant étudié les arts martiaux vietnamiens de l'école Sa Long Cuong pendant presque dix ans, de 1987 à 1997, nous transmettons aussi des méthodes spécifiques issues des pratiques vietnamiennes telles que : 
  • Le Réveil de l'Energie du Souffle Vital (Khởi Khí)
  • La Mobilisation du Souffle par la méthode curative de l'oeuvre du Souffle (Vận Khí Khí-Công Liệu-Pháp)
  • Enchaînement codifié pour raffermir les tendons (Luyên Gân Thảo-pháp)
  • Enchaînement codifié Le déplacement des nuages et l'écoulement de l'eau (Lưu-Thủy Hành-Vân Quyền)

·                     Qi Gong avec des outils de travail
Travail de l'énergie interne avec l'épée
Travail de l'énergie interne avec le bâton

·                     Qi Gong "évolutifs"
Ce groupe de travail inclut toutes les pratiques que nous avons pu étudier et que nous transmettons mais qui n'ont pas obligatoirement de rapport avec les formes dites "traditionnelles" venant de l'Asie.
On retrouve ici notamment des exercices issus par exemple du Systema (méthode russe de combat), de la Marche Afghane ou des exercices d'assouplissement ou de renforcement issus du Penchak Silat.




samedi 28 septembre 2013

La méditation... Plus en détail et avec plus de détails

Je mets ici en lien les informations que j'utilise lors des stages sur le thème de la méditation.
Bonne lecture à tous et toutes !

« Nous devons également nous souvenir que la méditation et essentiellement quelque chose qui doit se pratiquer, que c’est quelque chose que l’on fait, ou dont on fait l’expérience. »

Afin de comprendre - Cum Prendere - de prendre avec soi la (ou les) méditation(s), de la faire sienne et d'arriver ainsi à façonner "sa" méditation, il convient d'acquérir un savoir culturel juste et éclairé de ce que l'on entend par méditation.

L'héritage des traditions d'Orient, d'Extrême Orient et d'Occident (et d'ailleurs), véhicule un savoir et savoir-faire complexe de ces matières que l'on peut qualifier de spirituelles. Cette compréhension, souvent nommée ésotérique, se fait de l'intérieur du système de pensée auquel elle se réfère, système qui évolue en fonction de courants philosophiques, d'écoles de pensée, de maîtres, etc.
Ainsi la méditation n'appartient pas à la Chine ou à l'Inde, pas plus qu'elle n'appartient à Bouddha ou Lao Tseu.
On retrouve des techniques de méditation dans la spiritualité chrétienne, musulmane, juive, mais aussi dans les pratiques chamaniques amérindiennes, dans des méthodes égyptiennes, dans le shintoïsme japonais...
Toutefois, c'est majoritairement par le filtre des définitions hindouistes, yogiques, bouddhistes et taoïstes et surtout par toute l'énorme mouvance intellectuelle issue des courants New Age des années 70 que l'on se représente la méditation, avec aussi (et malheureusement) toutes les dérives rattachées à cette représentation.

Pour arriver à une définition du mot méditation, il semble important de parcourir les termes et expressions principales issues des traditions spiritualistes anciennes qui ont aidé à façonner ce mot.

Un commencement...

Les notions de Qi, de Yin, de Yang si chères à la philosophie chinoise, prennent indéniablement racine en Inde.
L’hindouisme en particulier et l’Inde en général n’a cessé de fournir à la philosophie chinoise la matière première à sa réflexion esotérico-philosophique.

Ce que l’on désigne par le mot « hindouisme »  regroupe en fait une multitude de croyances réparties sur toute l’Inde et sur toute son histoire, dont les traces les plus anciennes remontent pratiquement à 2500 ans avant J.C.

C’est en 1966 uniquement que le gouvernement indien à défini le cadre de foi Hindoue.
Avant cette date, l’hindouisme ou plus exactement le Sanâtana Dharma pouvait plus être perçue comme un mode de vie ou de pensée.

On pourrait distinguer 4 concepts fondamentaux à l’hindouisme :
1.) Karma : la loi de cause à effet qui unissent les êtres et les choses
2.) Mâya : processus mystérieux qui soutient et engendre le cosmos. C’est la mère des illusions, permettant la renaissance, le retour aux existences, mère qui est valorisée par l’homme aussi longtemps qu’il demeure dépendant de l’attachement et du désir.
3.) Nirvâna : il s’agit de la réalité absolu, pendant de Mâya, se situant au-delà des illusions tissées par le Karma.
4.) Yoga : les moyens favorisant la révélation de l’être, les techniques permettant la libération.

Autour de ces 4 concepts fondamentaux, s’articulent 4 objets de vie, qui sont :
1.      Artha ou le profit : L'homme doit participer à la société en se créant un patrimoine et des relations qui seront le fruit de son travail. Il doit faire attention de ne pas se faire abuser par le charme d'une vie d'aisance, mais doit en retirer un enseignement. La période de Grihastha est propice au développement de ce but.
2.      Kâma ou le plaisir : Contrairement à la tradition chrétienne issue de l'Inquisition, le plaisir n'est pas perçu comme un mal: c'est un don de Dieu. Dans la mythologie, le dieu Amour, kâma est la source de la création. Les Kâma-Sûtra exposent les moyens d'exalter les sens et d'épanouir la vie de couple. Grâce aux plaisirs, le champ de connaissance s'élargit: l'acte d'amour en étant le paroxysme où l'homme et la femme ne se distinguent plus que dans le couple et recréent l'unité divine. Le plaisir doit être dirigé dans le but de la connaissance et ne doit pas devenir un mode de vie qui conduirait à accomplir des actes immoraux ou adharmique.
3.      Dharma ou le devoir : Le Dharma doit diriger toutes les quatre périodes de la vie hindoue. Le devoir permet à l'homme de poursuivre sa vie sur le droit chemin, en se conformant au droit et à la morale qui sont transcrits dans les Dharma-Sûtra ou le Manu-Samhitâ dit Lois de Manu.
4.      Moksha ou la délivrance : Durant les deux dernières périodes de la vie de l'hindou, celui-ci recherche le Moksha. Mais il s'agit surtout du but ultime de la vie de l'Hindou qui peut y parvenir selon différents moyens, comme le Batki-Yoga (voir philosophie indienne).
L’expression de l’univers s’établit à travers trois concepts distincts : Brahmâ, Vishnou et Krishna.
On parle de Trimoûrti, ou Trois Formes en Sanskrit, qui relèvent d’une seule et même chose et que certains rapprochent de le Sainte Trinité chrétienne :
1.) Brahmâ, c’est le Dieu créateur. Sarasvâti est son épouse, sa Shakti.
2.) Vishnou est le protecteur, le Gentil, le dieu bon. Il est le Conservateur.
3.) Shiva est le destructeur. En fait, Shiva représente moins le mal que la transcendance, le gouffre qui sépare l'humain du divin devant lequel l'homme est saisi de terreur sacrée. Shiva est le destructeur et le créateur, mais cet antagonisme n'est qu'apparent ; ils sont en effet perçus comme réciproquement dépendants, une complémentarité paradoxale en quelque sorte. Lorsque Shiva est présenté en Natarâja, le Seigneur de la danse, il marque de son talon le rythme ternaire du tandara, symbolisant la création, la permanence et la destruction (chacune des pointes du trident).
Il est le commencement et la fin, le yogi ascète et le luxurieux tantrique, la bonté et la fureur, l'alpha et l'oméga. Shiva n'est pas connu des Veda, il pourrait être une forme de Rudra (littéralement « le Rouge » aussi appelé « le Hurleur », un dieu terrifiant) qui évolua ultérieurement.
Shiva est le feu intérieur qui dévore les ascètes, le temps qui détruit et recrée le monde. Il est habituellement représenté par un phallus stylisé, appelé shiva lingam (liga), symbole de création parfois associé à la yoni, l'organe féminin, la matrice du monde.
Shiva est encore paśupati. Sous cet aspect, il protège le bétail (paśu), gage de richesse, mais plus symboliquement, il protège et libère les âmes asservies dans et par le samsāra. Les textes jouent de trois mots : pati, le Seigneur ou le Maître ; paśu, le troupeau (des dévots), l'âme individuelle ; pāśa, le lien (de la transmigration).
Brhâma, Shiva et Vishnou interagissent dans deux états du Cosmos, qui sont les deux principes fondamentaux et complémentaires de l’univers, à savoir :
1.) Le Prâna, qui est l’énergie vitale cosmique, l’origine du dynamisme de tout le cosmos, le principe énergétique oscillant entre les deux pôles d’obscurité et de lumière, de positivité et de négativité ou du matriciel et du conceptuel, ou encore du Nouménal et de l’Abyssal, soit en fait, du Yin et du yang.
2.) L’Akaça qui est l’éther spatio-temporel, l’origine dimensionnelle de tous les êtres et les choses, le principe constitutif de l’univers oscillant entre les deux pôles précédemment cités.
Conception de l’univers, conception de l’être humain, de sa vie en société, des rapports qu’il établit avec le vivant et le divin, relation de l’homme à son présent, son passé et son devenir, l’hindouisme a posé toutes les bases qui vont ensuite être agréablement reprises, augmentées, développées, argumentées par les philosophies chinoises.
L’énergétique chinoise s’est donc développée par le biais de ces aspects spirituels, pratiques, empiriques et philosophiques de l’Inde.

 Les cinq voies majeures

« Le yoga n'exige pas que tous les individus suivent un même et unique chemin. Il existe de nombreuses voies et styles de yoga liés aux différentes aspirations individuelles et aux divers aspects de notre nature. Cinq voies majeures, qui forment le Raja Yoga, peuvent résumer ces directions. Il est également possible de les suivre assemblées ou séparément :
  1. Jnana Yoga : Yoga de la Connaissance transcendante ;
  2. Bhakti yoga : Yoga de la Dévotion et de l'adoration ;
  3. Karma yoga : Yoga du Service et de l'action désintéressée ;
  4. Kriya yoga : Yoga de la Technique, toutes les techniques de yoga : Hatha Yoga, Kundalini yoga, tantra yoga, yoga nidra et autres ;
  5. Raja yoga : Yoga Intégral, associant les quatre voies précédentes[]
Au sein d'une même Voie il peut exister des courants différents. Un yogi reconnu comme maîtrisant parfaitement un mode d'enseignement, peut décider de fonder une école de yoga. Cette diversité n'est pas un signe de faiblesse ou de dissension, mais plutôt une réponse à l'extrême diversité des attentes de chacun.
Quelques pratiques du Yoga : Le Hatha Yoga, le Mantra Yoga, le Tantra Yoga, le Siddha Yoga, le Kundalini Yoga, le Nidra Yoga.
A partir de là, la Chine a développée deux philosophies qui lui sont propres : le taoïsme et le confucianisme. Elle s’est encore appuyée sur l’Inde pour s’accaparer une dernière philosophie : le bouddhisme.
L’enseignement du Bouddha

Lorsqu’on parle du Bouddha, on parle du Bouddha historique Cakya-Mûni, dont le nom laïc est Siddharta Gautama, né à Kapilavastu vers 624 av. J.C. ou vers 556 av. J.C.
Prince héritier du roi Sddhodhana et de la reine Maya.
Ayant pris conscience que la vie est vouée aux Quatre Douleurs (la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort), pour l’amour de tous les êtres il quitta à l’âge de 29 ans le palais royal et sa famille pour aller en quête d’un moyen pour échapper aux Quatre Douleurs et quitter le cycle du Samsâra, le Ronde des renaissances, source de tous les malheurs.
Il parvint à l’état de parfaite illumination (Bouddha) à l’âge de 35es ans et dispensa son enseignement (ou Dharma) pendant 49 ans.
Sa doctrine s’articule autour de ce que l’on nomme les Huit Voies de la Rectitude : 1.) la vue juste, 2.) la pensée juste, 3.) la parole juste, 4.) l’action juste, 5.) la vie juste, 6.) la mémoire juste, 7.) l’effort juste, 8.) la méditation juste.
Son enseignement s’appuie sur la compréhension des Quatre Nobles Vérités, qui sont :
1.)    Dukkha : la souffrance. La souffrance s’exprime par le jeu subtil des Agrégats qui détermine l’Être, à savoir : la Matière, les sensations, les perceptions, les formations mentales (les actes « volitionnels ») ou Karma 5.) la conscience ou acte d’attention à un objet. (il n’y a donc pas de notion d’âme ou de soi ou d’ego dans le bouddhisme !)
2.)    Samudaya : l’apparition ou l’origine de la souffrance, liée donc à la soif au désir
3.)    Nirodha : la cessation de Dukka ou Nirvâna
4.)    Magga : le sentier (qui conduit à la cessation de Dukka). C’est dans Magga que s’épanouissent les Huit Voies de la rectitude.

La méditation ou culture mentale : Bhavana.
La Bhavana est une culture mentale dans le vrai sens du terme.
Elle vise à débarrasser l’esprit de ses impuretés, de ce qui le trouble.
Dans l'Inde antique, on distingue deux formes principales de méditation : le Samâdhi et le Vipassana.
L’une consiste à pénétrer des états de concentration afin d’atteindre des états mystiques, "surnaturels".
L’autre s’appuie sur une compréhension, une vision de la nature des choses et de la vérité qui les sous-tend. Il s’agit en fait d’une attention, d’une prise de conscience portée sur la vie et le vivant et qui a trait à notre corps, nos sensations, notre esprit et notre intellect enfin.

Si l'on se réfère à l'hindouisme et aux enseignements liés aux diverses écoles de Yoga, on peut retenir que l'ascèse spirituelle, de façon générale, se compose de deux groupes d'exercices.
Ces deux groupes d'exercices, et ce qu'ils renferment, sont quasiment commun à toutes les méthodes de médiation. Les définitions, les désignations, les mots changent, mais globalement, le travail reste le même...

Le premier groupe, que l'on appelle Les Quatre Membres Inférieurs, concerne le corps, son entrainement, en vue de développer et de potentialiser le second groupe, nommé Quatre Membres Suéprieurs, qui concerne lui le travail mental.

Les Quatre Membres Inférieurs

1.) Yama (les refrènements) et 2.) Niyama (les disciplines)

Cités comme étant la base essentielle de toute recherche méditative, les réfrènements et les disciplines décrivent les comportements, les attitudes, les choix de vie, permettant de favoriser le control du corps et de l’esprit.
Il s‘agit là de s’avoir se réfréner et se discipliner afin de cultiver une existence propice à la méditation, c'est-à-dire une existence basée sur la gestion des émotions, des désirs, des peurs, des doutes, etc.
La vie étant agitation, la méditation étant calme et stabilité, si l’un et l’autre ne s’accordent pas alors obligatoirement l’agitation de la vie prendra toujours le dessus.
La méditation étant donc une recherche d’état de conscience subtil et élevé, basé sur la connaissance de soi, le silence, le calme, il convient d’adopter une vie saine, de cultiver la vertu de rectitude, « pureté (Xing) et clarté (Ming) » comme disent les anciens maîtres chinois.
Yama et Niyama regroupent tout ce qui concerne la vie quotidienne et une recherche d’apaisement, d’équilibre et d’harmonie pour que cœur et esprit reste serein et lucide : l’alimentation, le repos, la respiration, le rapport aux autres et à soi-même, l’entretien physique, etc.
Il s’agit de l’effort à fournir afin de se diriger vers, d’aller vers le repos, vers la relaxation.

Les textes védiques citent des règles de conduites, telles que :
·         Kashma (la tolérance)
·         Data (la compassion, la bonté)
·         Arjava (la simplicité)
·         Hri (l’humilité)
·         Ahimsa (la non violence)
·         Sathya (la pureté, la vérité)
·         Astheya (la non convoitise)
·         Aparigraha (la non convoitise)
·         Bramacharya (l’attitude du Brahma, du Saint, de celui qui vit dans le renoncement aux désirs)
·         Saucha (le maintien de la pureté du corps)
·         Mitahara (la nutrition pure)
·         Santosha (le maintien de l’attitude positive), 
·         Ishvarapranidhana (le développement de la conscience qui fait que en tout être on respecte la vie)

Asanas (postures) et Pranayama (discipline du souffle),  concernent la gestion de l’énergie physique et spirituelle.


3.) L'âsana : la posture

L’esprit reflétant le corps, on immobilise d’abord le corps pour calmer l’esprit.
La posture doit faire oublier le corps, lui donner une assise stable et réduire l'effort physique au minimum. Le but est de réaliser la neutralité des sens. La conscience ne doit plus être troublée par la présence du corps.
Pour réduire l’agitation de l’esprit, on va immobiliser le corps, calmer la respiration et fixer le regard.
Le premier ennemi de la méditation étant le sommeil, on va installer le corps dans une posture de vigilance et non dans une posture de relachement.
L'âsana marque une étape importante de l’approche méditative. Dans la vie ordinaire, nous sommes mobiles, agités, arythmiques.
On va donc commencer par prendre en main son corps.
Le travail de la posture a le mérite de rassembler et de joindre le corps pour que l’esprit s’unifie.

Cela se réalise en trois temps : la posture unifie le corps, l’attention correctrice de la posture unit l’esprit au corps et l’esprit s’unifie en s’unissant à lui-même.

Le refus de bouger est l'exact équivalent du refus de se laisser porter par le fleuve impétueux de la conscience, et le refus de respirer de manière arythmique.

De l’immobilité d’une posture correcte naissent la stabilité, l’équilibre, le centrage, la relaxation et la légèreté pour que l’esprit soit stable, équilibré, centré, relaxé et léger. Le dos doit être maintenu bien droit et il faut s’étirer vers le haut comme un arbre qui veut atteindre la lumière, pour éviter qu’au fil des minutes le corps ne se courbe et se tasse. La posture doit être légère et étirée, et non celle « d’un sac de sable que l’on a jeté par terre ».

Après avoir calmé le corps, il convient d’approfondir la respiration.

4.) Prânâyâma : contrôle du souffle

Une respiration courte, rapide, superficielle va avec une pensée agitée. On va donc apprendre à ressentir l’inspiration et l’expiration afin de se diriger vers une respiration consciente, profonde, ample, cyclique, fluide.
Cette respiration pourra être abdominale, thoracique, abdomino-thoracique ou céphalo-abdomino-thoracique.

Les Quatre Membres Supérieurs

Pratyahara que l’on traduit par ‘‘le retrait des sens’’ est l’intériorisation.
Ne plus être absorbé par le monde, bu par lui, ne plus se laisser distraire par les sensations, pour rentrer en soi et se regarder penser.
Il s’agit de retenir les Indryas, les tentacules de l’esprit qui s’accrochent au matériel, afin de percevoir les couches plus subtiles de l’univers.
Pour certains il suffit d’être à côté d’un guide qui a atteint la vacuité.
Pour les autres, il reste à arriver à fixer leur attention sur le même objet de pensée, à l’aide d’une des centaines de techniques de dhârana, la concentration.
Lorsque par la suite cela se fait sans effort par un courant ininterrompu de conscience vers l’objet, on atteint dhyâna que l’on traduit par ‘‘méditation’’ et qu’il vaudrait mieux nommer ‘‘le recueillement’’.
Puis lorsque l’objet de concentration envahit tellement l’esprit que l’on cesse pour la première fois de penser à soi, on entre dans le Samâdhi que l’on a nommé extase, ou plus exactement enstase ou ravissement.

Son secret a été donné par les six règles de Tilopa : ‘‘ Ne pense pas,  ne réfléchit pas,   ne médite pas,  n’analyse pas, n’imagine pas,  garde ton esprit dans son état naturel ’’.
C’est aussi exact que difficile ! Car qu’est ce que « l’état naturel de l’esprit » pour nous qui nous sommes construits sur l’agitation et l’apparence ?

Pratyâhâra : la rétraction des sens.
C'est se déconnecter, se déprendre du monde extérieur.
Il s'agit de se déconnecter non seulement par rapport aux stimuli extérieurs, mais aussi fasse aux désirs, aux envies, qui nous assaillent perpétuellement.

Pratyâhâra et Dhârana sont donc souvent liés.
Dhârana, c’est la concentration.

La concentration a deux aspects qui comprennent à la fois la focalisation plus étroite de notre attention, et une unification de l’énergie.
Il y a dans la notion de Dhârana une idée de rassemblement, d’unification, voir d’unité.
On peut donc dire que la concentration est en fait une intégration complète du corps et de l’esprit. Cette intégration se fait par le biais d’une gestion du corps et des pensées, et par le biais concomitant d’une pacification du corps et de l’esprit.
L’attention et le rassemblement est considéré comme un travail sur la conscience ordinaire.
Il y a tout d’abord l’attention sur le corps et sur ses mouvements : savoir exactement où est le corps et ce qu’il fait. Nous ne faisons aucun mouvement inattentif, aucun mouvement dont nous ne soyons conscients. Nous sommes vigilants aussi quand nous parlons, sachant ce que nous disons et pourquoi nous le disons. Nous sommes pleinement en éveil, posés, conscients.
Deuxièmement, il y a l’attention sur les sentiments et les émotions. Nous avons clairement conscience de nos humeurs passagères et changeantes, que nous soyons tristes ou heureux, contents ou mécontents, anxieux, effrayés, joyeux ou excités. Nous observons, nous voyons tout, nous savons exactement où nous en sommes. Bien sûr, cela ne veut pas dire prendre du recul vis à vis de nos sentiments et de nos émotions, un peu comme un spectateur, les regardant de façon très extérieure, aliénée. Cela veut dire faire l’expérience de nos sentiments et émotions,être « avec » eux, non « coupés » d’eux, tout en restant conscient d’eux en les observant.
Il y a enfin l’attention sur la pensée : savoir exactement ce que nous pensons, savoir exactement où est notre pensée, d’un moment à l’autre. Nous savons que l’esprit vagabonde facilement. En général, nous sommes déconcentrés et désassemblés en ce qui concerne nos pensées. C’est pour cela que nous devons pratiquer la prise de conscience de nos pensées, prenant conscience de ce que nous pensons d’un moment à un autre.

La pacification des émotions et des énergies est un travail d’éducation de la conscience.
Ce travail de pacification est rattaché à la gestion d’obstacles, qui vont directement ou indirectement s’opposer au recueillement, au ravissement que propose l’exercice de la méditation.
Le bouddhisme distingue cinq obstacles fondamentaux à la libération de l’esprit :
·         Il y a tout d’abord l’obstacle du désir pour les expériences sensorielles à travers les cinq sens.
·         Deuxièmement, il y a l’obstacle de la haine, c’est-à-dire le sentiment de malveillance et de ressentiment qui est éprouvé lorsque le désir pour les expériences sensorielles est frustré – un sentiment qui se dirige parfois vers l’objet même du désir.
·         Troisièmement il y a l’obstacle de la paresse et de la torpeur, qui nous garde sur le plan des désirs sensoriels, au niveau ordinaire de la conscience de tous les jours. C’est une sorte de stagnation animale tant mentale que physique.
·         Quatrièmement, il y a l’obstacle qui est à l’opposé de la paresse et de la torpeur : celui de l’agitation et anxiété. C’est l’incapacité de faire quoi que ce soit pendant un certain temps. C’est un état d’affairement et de tourment continuel qui ne permet jamais de terminer quoi que ce soit. Cinquièmement, et en dernier, il y a l’obstacle du doute – pas une espèce de doute intellectuel honnête, mais plutôt de l’indécision, ou même le fait de ne pas vouloir se décider et s’engager.

Il y a cinq comparaisons traditionnelles qui correspondent à ces cinq obstacles.
1.)L’esprit qui est contaminé par le désir pour les expériences sensorielles est comparé à de l’eau dans laquelle on aurait mélangé plusieurs couleurs brillantes. Ce peut être joli mais la pureté et la transparence de l’eau ont été perdues.
On dit que 2.) l’esprit qui est contaminé par la haine est comme de l’eau en ébullition, qui siffle, fait des bulles et bouillonne.
3.) L’esprit contaminé par la paresse et la torpeur est comme de l’eau étouffée par une épaisseur de mauvaises herbes à travers laquelle rien ne pénètre.
4.) L’esprit contaminé par l’agitation et l’anxiété est comme de l’eau que le vent fouette en vagues, ou même par une tempête violente.
Et enfin, 5.) l’esprit qui est contaminé par le doute, par l’incertitude, est comme de l’eau boueuse.

Lorsque les Cinq Obstacles sont supprimés, l’esprit conscient devient de l’eau pure. Il devient frais, calme et clair. Il est maintenant prêt à aborder un état de conscience « supérieure ».

Dhyâna : la méditation, l’absorption, le recueillement, l’expérience du Vide…

« Il est essentiel de discerner ici la méditation en tant que mise en pratique d’une technique et Dhyâna l’état de méditation résultant de la pratique méditative. L’un étant le moyen, l’autre la finalité »

Quand la concentration (Dhârana) dure un certain temps, on arrive au Dhyâna.
Dhyâna est souvent réduit au terme méditation, mais le sens le plus juste serait « recueillement », ou encore « absorption ».
Cette absorption dans la conscience unifiée et pacifiée donne naissance tout d’abord au calme des pensées.
Ensuite se manifeste un apaisement du cœur. « Calme et pacifié ».
Cette expérience apporte le sentiment profond d’unité, d’amour, de félicité, de providence.
Apparait alors la conscience du vide.
« Vide à l’intérieur, comme une jarre vide au cœur de l’océan. Vide à l’extérieur comme une jarre au cœur de l’univers ».

Lorsque s’établit enfin le silence du mental et que l’on plonge dans le Vide pour une seconde, on sursaute et sort de la méditation, effrayé.
La machine à fabriquer les idées s'est enrayée et ne fonctionne plus, c'est le Silence du Mental. Puis on y revient et l’on s’y habitue.
Ce que nous appelions vide était en fait l’infini. Quand on le découvre, l’esprit cherche tout de suite une limite, un bord, un bout, car dans son expérience antérieure tout a une fin.
Alors il plonge le plus profondément possible, sans fin. Puis à l’opposé il cherche à s’élever le plus haut possible, sans limite.
Affolé, il part droit devant soi, illimité.
Et ce n’est qu’après avoir exploré la profondeur, la hauteur, la longueur et la largeur de cet espace de la conscience, qu’il le nomme le Vide.

"Vide à l'intérieur, vide à l'extérieur, comme une jarre vide au milieu de l'espace.
Plein à l'intérieur, plein à l'extérieur, comme une jarre immergée dans l'océan".

Le samâdhi: l’enstase

Samâdhi est l’étape méditative la plus complexe à décrire, car, par essence même, elle n’est pas descriptible.
Samadhi est l'état d'unité au delà du nom et de la forme.
Une expérience en un espace que les mots tels qu’harmonie, lumière, infini, ne peuvent que décrire partiellement. Comment expliquer ce qui n’a pas de forme dans notre monde qui se définit par la forme ?
Comment parler d’absolu à partir de mots qui ne sont que l’expression de la relativité. Comment exprimer l’infini à partir d’un espace où tout à un début et une fin.
Comment évoquer l’Un, alors que toute notre structure mentale prend ses racines dans la dualité ?
Il s’agit donc d’un état au-delà du mental. Un état qui ne peut que se vivre et non se dire. Souvent comparé à une porte qui s’entrouvre sur un espace vierge et inconnu, le Samâdhi se défini dans les mots non par ce qu’il est, mais par ce qui en résulte : une libération des contraintes mentales,  en un sentiment permanent d’unité avec le Tout.
On lui associe le terme d’enstase.
Il désigne « l’expérience de mystique naturelle », qui s’oppose à celui d’extase, expérience de mystique surnaturelle.

Jean Varenne , indianiste français, professeur à l’Université d’Aix, a commenté la pertinence de ce mot de la façon suivante : « Ce néologisme a l’avantage de faire violemment contraste avec la traduction tout à fait erronée de Samâdhi par « extase » qui a parfois été proposée. Le yogi en état de Samâdhi ne « sort » pas de lui-même, il n’est pas « ravi » comme le sont les mystiques ; tout au contraire il rentre complètement en lui-même, il s’immobilise totalement par extinction progressive de tout ce qui cause le mouvement : instincts, activité corporelle et mentale, intelligence même. »

Dans ce Vide expérimenté lors du Dhyâna se manifeste l’expérience nouvelle d’une présence, d’un Soi absolu, unifié, établit dans une joie permanente, que l’on pourrait décrire comme une béatitude.

« Nous pouvons maintenant commencer à voir en quoi consiste essentiellement la méditation.
Nous pouvons dire qu’elle consiste en une progression continue d’états d’être et de conscience du plus « bas » vers le plus « élevé » : du monde de l’expérience sensorielle à celui de la forme mentale et spirituelle, du monde mental et spirituel au monde sans forme vers le Nirvana, ou l’Éveil, ou bien de la conscience sensorielle à la conscience de soi, de la conscience de soi à la conscience transcendante, et de la conscience transcendante à la conscience absolue »


Les grandes étapes de la méditation

1.) Franchir les obstacles
L’obstacle du « trou noir » : qu’est ce que je fais là ? Qu’est ce que je peux bien faire ? Qu’est ce que je vais faire ?
L’obstacle du bavardage mental.
L’obstacle des couches psychologiques : les émotions, les fantasmes, les peurs, les doutes, les colères, etc.
L’obstacle du corps : ça fait mal, ça veut bouger, remuer…
L’obstacle du monde : ça vit dehors, ça bouge dehors, ça fait du bruit, ça déconcentre…
L’obstacle du temps : bon, ça fait assez longtemps ! Allez, je vais me coucher sinon je serai fatigué…

2.) Parvenir au silence mental.
C’est l’ouverture vers « le son cosmique » - Nada -, la « lumière intérieure » - nimitta - et la « vibration spirituelle » - Spanda

3.) L’obtention du Samâdhi


Les erreurs sur le chemin de la méditation

1.) Confondre méditation et torpeur
2.) L’apitoiement : confondre méditation et solitude, et enrobé le tout de tristesse.
3.) Confondre méditation et psychothérapie
4.) S’isoler et cultiver l’égo, le sentiment de supériorité, d’être unique, différent, meilleur…
5.) Confondre méditation et expérience mystique, confondre la forme et le sans-forme, l’être et le non-être, rester dans le « phénoménal »…
6.) Désirer obtenir quelque chose : un résultat, l’illumination, le Nirvâna, etc.
7.) Croire d’être parvenu au but.
8.) Croire que la méditation est la seule voie d’évolution spirituelle.

Les autres modes de développement de la conscience

1.) les voyages, les nouvelles rencontres, les changements d’environnement…
2.) le travail « éthique ».
3.) Une vie empreinte de régularité et d’harmonie : principes moraux, respect des heures de repos, alimentation saine, etc.
4.) Les Yogas, les Qi Gong, les Tai Chi Chuan…
5.) Les arts : musique, ikebana, peinture, etc.
6.) aider les autres, réaliser de bonnes œuvres, etc.
7.) La prière, la religion…